REVALORISATION DES CHUTES DE CORDES : REPENSER LA GESTION DES DECHETS

Nous avons franchi, en 2024, une nouvelle étape dans notre démarche environnementale en revalorisant plus de 21 tonnes de chutes de cordes issues de notre production. Un projet qui vise à repenser la gestion des déchets, piloté par une équipe engagée. Manon de Gaulejac, Cheffe de projet environnement et éco-innovation, Marlène Dechenaud, Coordinatrice achats responsables, et Tiphaine Gagneux, Responsable éco-conception, reviennent sur ce programme qu’elles ont construit ensemble.

Une méthode innovante pour éviter l’incinération

L’idée de recycler les chutes de cordes a germé dans un contexte où la gestion des déchets industriels devenait un enjeu clé pour les entreprises engagées dans une démarche RSE. "Mon rôle principal chez Petzl est d’évaluer l’impact environnemental, notamment via le bilan carbone (au niveau du groupe) et les analyses de cycles de vie (au niveau des produits). Gérer les déchets sur nos trois sites de production français en fait également partie", explique Manon.

Le programme de revalorisation des chutes de cordes intègre un partenariat en Italie, qui trie et valorise le polyamide et le polyester selon un processus spécifique. Notre partenaire possède une technologie permettant non seulement d’identifier les matières constituant les cordes, mais aussi de séparer l’âme (le coeur) de la gaine (l’enveloppe) des cordes, lorsqu’elles sont constituées de matières différentes : "la partie polyamide retourne dans la filière plasturgie pour en faire du nylon recyclé, tandis que le polyester est utilisé en Italie dans le rembourrage de coussins et de canapés", poursuit Manon. Une approche qui permet d’éviter l’incinération et de réduire l’empreinte carbone de la production.

Une logistique de tri rigoureuse

La question du tri a rapidement émergé comme un enjeu majeur. "Il faut s’assurer que les bonnes matières finissent dans les bons bacs. Toutes les chutes ne peuvent pas être intégrées au processus de recyclage, notamment les cordes 100 % polyester, traitées par notre prestataire de gestion de déchets en France", précise Manon.
L’efficacité repose aussi sur la sensibilisation des équipes en interne. "Les lignes de production ont dû s’adapter, passant d’une seule poubelle de tri à trois. Mais on observe une montée en compétence progressive, notamment grâce à un travail pédagogique constant et une communication transparente avec nos prestataires", ajoute-t-elle.

Vers une extension du modèle

Petzl vise un objectif ambitieux de 80 % de valorisation matière de ses déchets d’ici 2025, à travers du recyclage ou du réemploi. L’initiative de revalorisation des cordes pourrait-elle s’étendre à d’autres déchets ? "Il faut d’abord un tonnage minimum d’une tonne par an pour que cela soit viable, et ensuite être capable d’organiser efficacement le tri à la source", nuance Marlène. Des pistes sont déjà explorées, notamment pour les doufflines, des mousses de protection utilisées pour le transport des calottes de casque. "On en jette plus de six tonnes chaque année. Nous allons tester une réduction de moitié en limitant leur usage". Autre enjeu : la recyclabilité des supports d’étiquettes en papier siliconé (glassines), qui pourraient être récupérés et revalorisés localement.
Manon insiste sur la nécessité d’une approche pragmatique : "On ne peut pas tout recycler. Il faut trouver le bon équilibre entre impact environnemental, faisabilité technique et contraintes économiques."

Aller plus loin

Petzl réfléchit aussi à aller plus loin en récupérant les cordes usagées de ses clients. "L’idée serait de centraliser cette collecte avant de les envoyer dans la filière de recyclage. Mais cela implique de naviguer dans un cadre réglementaire strict sur le transport et la gestion des déchets", souligne Tiphaine.
Manon, elle, imagine déjà l’étape d’après : ce moment où l’on aura supprimé les chutes de corde à la source, "en adaptant les longueurs des références produites en fonction du stock restant".

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