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Parcours d'un jeune guide #7 : Le commencement

Le stage d’aspirant guide 3 marque un tournant dans la formation du guide de haute montagne. Ce stage donne accès au statut d’aspirant guide et permet ainsi de commencer à travailler avec toutefois certaines prérogatives à respecter. Nous retrouvons Antoine Rolle confiant et impatient de continuer sa formation.

23 Octobre 2020

Alpinisme

"D’ici quelques jours, nous pourrons guider nos premiers clients dans l’un des plus beau bureau du monde".

 

Nous voici en juin pour l’Aspi 3, passage obligatoire pour travailler comme aspirant guide. Jusque là, nous maîtrisons les techniques en tant qu’alpinistes “amateurs”, mais la gestion d’une cordée en tant que professionnel avec les responsabilitées qui lui incombent est une nouvelle étape pour nous. De nouveau c’est un mois de formation très intense. Personnellement, j’aborde ce stage avec confiance et enthousiasme. J’espère que ce sentiment restera. 

 

Le temps des révisions

La première semaine est plutôt calme. Nous révisons les bases de la progression avec clients, les manipulations de corde et tous les jours nous effectuons des courses en montagne. Pour cette semaine, j’ai la chance de participer à un échange entre la formation française et la formation espagnole. Six aspirants espagnols partagent notre semaine. L’expérience est très instructive. Je remarque que les manières de faire ne sont pas les mêmes d’un pays et d’une formation à l’autre. On s’inspire les uns des autres pour étendre notre apprentissage. Il faut avouer qu’échanger sur des termes techniques en espagnol n’est pas toujours facile. Les quiproquos sont nombreux mais souvent suivis de rires. Nombreuses de mes explications se termine par un simple « Vamos ! ».

 

"Course d'arête au dessus du glacier du Tour."

 

Nos premiers clients

On attaque les hostilités lors de la deuxième semaine avec le stage cobaye. Chaque aspirant guide est associé à un cobaye. Les cobayes sont des personnes volontaires, extérieures à l’ENSA qui seront nos clients pour la semaine. La bonne humeur est le maître mot. Les cobayes sont motivés et certains possèdent déjà une bonne expérience en escalade. Avoir une personne au bout de la corde, autre qu’un camarade de promo, change complètement nos habitudes en terme de gestion de course. Nous sommes maîtres de la cordée pour les bons comme les moins bons moments. Ce sont nos toutes premières journées que nous « guidons » en alpinisme. Évidemment, un professeur de l’ENSA est avec nous. Il nous conseille et nous corrige. Pour ma part, sa présence est à la fois rassurante mais aussi stressante car je me sens observé. La première journée est consacrée aux techniques de sécurités avec les cobayes, puis le reste de la semaine nous serons en montagne. Nous sillonnons le massif, des grandes voies dans les Aiguilles Rouges aux courses d’arêtes autour du refuge Torino. La semaine est aussi intense physiquement pour eux que mentalement pour nous. Le week end, un peu de repos est le bienvenu. Nous sommes déjà à la moitié du stage et nous sentons l'enchaînement des journées. Les deux semaines suivantes sont décisives car notées. Les erreurs sont donc à proscrire. 

 

"Avec les cobayes on reprend les bases, école de glace sur le glacier du Tour."

 

Un mauvais pressentiment

Pour commencer ces évaluations, j’hérite d’un professeur réputé sévère. Comme souvent dans la formation, le vécu est different en fonction du groupe dans lequel nous sommes. Les questions fusent dans ma tête: avec quelle intensité allons nous subir ces journées ? Cette fois, la météo nous donne un petit coup de pouce. La pluie et le mauvais temps nous contraignent à rester en vallée les trois premiers jours. Nous réalisons des courses en basse vallée puis nous montons en altitude seulement en fin de semaine. Après une première voie d’escalade, nous hésitons à gravir l’arête Kuffner. Les conditions de neige du moment sont délicates et une avalanche s’est déclenché proche de notre itinéraire quelques jours auparavant. J’ai comme un mauvais pressentiment. Je fais part de mes inquiétudes aux autres et d’un commun accord nous renonçons à cette course.

 

"On varie les terrains: de la neige au rocher."

 

Permis de guider

L’Aspi 3 se clôture par une dernière semaine accompagnée de cobayes. Une nouvelle fois leur émulation nous motive. Le cadre et l’environnement dans lesquels nous sommes pour ces évaluations joue en notre faveur. Le stress de la note s’efface progressivement et le plaisir de partager des courses avec les clients prend le dessus. Nous passons plusieurs nuits en refuge pour le bonheur de tous et gravitons vers le glacier du Tour en réalisant des petites courses d’arêtes. Le professeur est satisfait de notre dernière semaine. Ouf ! Nous passons par les salles de cours de l’ENSA pour les classiques examens écrits. C’est la fin de ce mois intense que la plupart de la promo valide malgré quelques rattrapages pour certains.  

Une semaine plus tard, j’ai rendez-vous avec mes premiers clients. Gorge serrée, le trac est là. Je préférerai être dans une face nord en hiver (rires). Mais rapidement le rythme s’enclenche, un nouveau métier commence.

 

 

Texte : Antoine Rolle

Photos : Julien Desecures, Antoine Rolle, Elodie Lecompte, Philippe Batoux

Mise en page : Antonin Cecchini

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