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Au coeur de l’expédition Maewan - partie 1

En 2015, Erwan Le Lann s’est lancé à la poursuite de son rêve… découvrir les océans et les terres reculées, voire parfois inaccessibles autrement que par la mer, sur son petit voilier "Maewan 4". À travers ses anecdotes et ses images de voyage, il nous emmène au coeur de cette première partie de l’expédition : de l’Iceland au Groenland, et nous immerge en plein dans l’aventure Maewan !!

30 Mars 2016

Alpinisme

Maewan Adventure Base

Léo Slemett découvre l’aventure façon "Maewan" !

Nous sommes à trois jours du départ d’Islande, Guillaume et moi attendons le nouvel équipage pour cette étape qui s’annonce forte en terme de navigation. Mon téléphone sonne, c’est le rider-marin Aurélien Ducroz… Je décroche : "Erwan, je ne peux pas venir, désolé, mais Léo Slemett un jeune free rider de Chamonix est super motivé, il a déjà fait de la voile, appelle-le !!!"
Trois jours plus tard Léo arrive sur Maewan et nous parlons pour la première fois de l’expé ensemble : 
"Aurélien m’a dit qu’on allait naviguer un peu, arriver dans des fjords de malade pour skier les dix jours suivant, j’ai jamais vraiment navigué mais je suis bien motivé !"
Aie aie… Nous lui expliquerons ce qui nous attend réellement une fois les amarres larguées…!!

Tout au long des six jours de navigation vers le Sud du Groenland, Léo sortira du bateau uniquement pour se laver les dents mais aux abords du Cap Farvel, le vent et la mer calmés, les premiers glaçons flottants, Léo a pris la barre et les derniers rayons du soleil couchant lui éclairaient les dents de son sourire de bonheur figé.

Maewan Adventure Base

 

Entre la magie des aurores boréales et l'angoisse des glaces

Toute la nuit, éclairée par la pleine lune d’un coté, les aurores boréales dansant sur les montagnes de l’autre côté, nous longeons le pack de glace sur une mer d’huile pour arriver au point le plus court en face de l’entrée des fjords. Entre la terre et nous s’étend une immense zone de glace compacte flottante. Nous pénétrons, interrogatif et dubitatif, dans 12 heures une tempête s’annonce derrière nous et franchement toute cette glace fait peur !

Maewan Adventure Base

Au bout de quelques heures, une vigie en haut du mat pour nous guider vers les zones de glace plus éparses, je sens une dureté anormale dans la barre. On regarde dans tous les sens, est-ce qu’on a heurté quelque chose ? Puis c’est en démontant le sol du cockpit pour laisser apparaitre les cables entre la barre à roue et le gouvernail que nous nous apercevons que l’ensemble est en train de geler !! À coup de chalumeau et de marteau nous réussissons à venir à bout de la ganse de glace accumulée. À partir de ce moment là et pour les deux mois suivant, les réservoirs d’eau potables resterons gelés…

Maewan Adventure Base

 

Comment définir les itinéraires ?

Pour tous les sportifs à bord, arriver au coeur de ce terrain vierge, c’est comme être un enfant devant le sapin de noël recouvert de cadeaux !

Maewan Adventure Base

 

Les marins observent les abris, les criques, les renfoncements, le fond d’une vallée qui se prolonge sous l’eau, les hauts fonds potentiels, le sens et la force du courant, l’orientation du vent, la couleur de l’eau qui prédit un fond sableux, rocheux ou d’algues denses. Et bien sûr les glaces, d’où elles viennent, comment elles se déplacent, où elles s’entassent, les icebergs échoués, des zones de débarquement protégées…

Maewan Adventure Base

 

Les montagnards imaginent une arête, une face rocheuse, des fissures, le type de rocher et la qualité éventuelle, une ligne de faiblesse sur ce sommet, un accès vers le haut, puis une descente facile, une ligne de glace gelée, la morphologie du glacier, les crevasses, les zones à risque d’avalanche, de chute de séracs, de pierres…

Maewan Adventure Base

 

Puis les skieurs repèrent les couloirs, les enchaînements de pentes de neige, les crêtes et le sens du vent des derniers jours, les zones d’accumulations de neige, les grandes pentes, les vallons, les sauts de barre…

Maewan Adventure Base

 

Chacun d’entre nous appréhendons le terrain avec notre propre regard aiguisé capable de lire le terrain, de se projeter dans l’action, de s’imaginer dans les passages délicats ou préférer les éviter. Tous ensemble nous échangeons alors sur les objectifs à venir en fonction des impératifs des bateaux, des conditions de neige, des envies, des horaires, du nombre de personnes, du niveau de chacun, des angles de prise de vues.

Maewan Adventure Base

 

Du bateau à la terre

Trouver un emplacement de mouillage est toute une science, nous nous l’imaginons souvent très simple mais pas du tout. Un mouillage pas sûr ou mal placé, c’est une nuit agitée ou une avarie annoncée…

Sur Maewan, une fois l’ancre jetée, pour débarquer nous devons :

  • Sortir les éléments de l’annexe, gonfler l’annexe entre le bas étais et le mât, mettre le plancher, la hisser, la mettre à l’eau, la ramener derrière le bateau, transférer le moteur hors bord et l’installer sur l’annexe, sortir la nourrice, les rames
  • S’équiper de gilets de sauvetage, de bottes, d’une combinaison étanche pour celui qui conduit
  • Mettre les skis et batons dans la housse pour ne pas endommager ou trouer l’annexe
  • Trouver un endroit de débarquement calme, les moindres vagues peuvent remplir d’eau l’annexe, l’idéale est un endroit où un rocher s’avance pour pouvoir débarquer tout le monde en ayant assez d’eau pour ne pas s’échouer, mais attention les rochers sont glissants !
  • Puis la personne qui reste garder le bateau retourne au bateau avec l’annexe. Il est rare de pouvoir laisser son voilier seul sans prendre de risque

 Maewan Adventure Base

 

Une bonne nuit comme on les aime, ou un jour sans fin

La tempête fait rage en dehors des fjords, mais nous sommes un peu abrités dans ce mouillage. Nous avons repéré un couloir improbable qui part du sommet d’une montagne. Ce jour là, il a fait froid, nous étions dans le vent quasiment tout le temps, mais nous avons pu skier du sommet jusqu’à l’eau dans une neige parfaite. Bonne journée de montagne en tout cas, les aller-retours d’annexe se font doucement, il fait toujours trop froid quand on attend trop longtemps. Nous finissons par arriver à la Louise où Thierry nous invite au repas du soir. Nous décidons de garder son annexe pour aller nous changer et revenir manger.

Deux heures passent lorsque Éric décide d’aller préparer l’annexe pour revenir vers la Louise. Il sort, puis re-rentre la tête en demandant :  "Quelqu’un est parti avec l’annexe ?"

Nous l’avions mal attachée, elle est partie. La nuit tombe, il y a 20 noeuds de vent, il fait froid, nous sommes crevés de la journée de montagne. L’annexe est celle de Thierry, son outil de travail pour toute la saison à venir !

Nous levons l’ancre, direction l’autre bout du fjord, dans l’axe du vent puis nous scrutons le noir armés de toutes les lampes frontales à bord, ULTRA, TIKKA, NAO, PIXA… Chacun imagine une silhouette qui ressemblerait à une annexe, grise foncée parmi ces innombrables blocs de glace flottants. Nous essayons de calculer la longueur du fjord, le temps maximum de navigation de l’annexe, sa vitesse de dérive… Un bon casse-tête qui nous enmène quand même jusqu’au bout du bras du fjord sans rien trouver. Demi-tour, nous longerons un côté en remontant face au vent puis continuerons de chercher jusqu’à ce que nous la trouvions.
Il nous aura fallu plus de quatre heures pour que soudain un cri retentisse : "Là !! Elle est là !!!"

De retour au mouillage, nous nous posons rapidement sur une zone à peu près plate, avalons un repas LyoFood et hop au lit, il est peut-être une heure du matin, nous nous écroulons enmitouflés dans nos duvets.

D’un coup je lève la tête, réveillé… Sans savoir pourquoi je suis alerte… Je regarde la trace du bateau sur le logiciel de navigation sans bien comprendre…. au lieu de voir le gribouillis habituel d’un bateau au mouillage, je vois une trace comme un grand S !! J’ai du mal à le croire, je bondis hors du duvet, passe la tête dehors : Maewan dérive !! Nous avons chassé sur notre ancre et nous sommes maintenant au milieu du fjord en direction des gros icebergs sur le côté !!
Branle bas de combat, "tout le monde debout !"
Il est six heure du matin, je démarre le moteur, cours devant pour commencer à remonter la chaine lourde de ses 60 mètres pendus dans le vide. Excellent reveille musculaire puisque notre guideau (treuil pour remonter l’ancre) est un guideau mécanique, un bon moteur à bras ! Les autres me rejoignent, à nous tous nous avons peut-être trois yeux d’ouverts…

Maewan Adventure Base

 

Le partage d’expérience 

Nous remontons par une grande arête sur la droite du couloir observé. À ski avec nos peaux de phoque d’abord, puis nous finissons à pieds, comme c’est plus raide, jusqu’à atteindre le haut du couloir. Léo, Adrien, Mathieu, Thierry, Bertrand et moi.

Les virages s’enchainent dans une pente assez raide peut-être 40°, puis nous nous arrêtons au-dessus d’une petite barre raide de 10 mètres. Avec Mathieu, nous regardons tout autour, testons les fissures, les blocs de rocher, rien, pas un endroit pour mettre en place un bon relais et nous permettre de descendre avec la corde. Même la glace n’apparait pas, nous avons beau creuser, il n y a que de la neige et du rocher trop compact.

C’est alors que Léo nous dit : "vous savez, moi, je la saute la barre…" C’est raide et étroit ensuite… t’es sûr ?? Oui, oui ça va…

On plante deux skis dans la neige, descendons alpinistes, marins avec une corde, laissant Léo tout seul, il nous renvoie tout notre matériel, puis saute…. C’est bien d’avoir une équipe complémentaire !

Maewan Adventure Base

 

L’aventure continue…

Cette année en 2016, nous repartons au mois de juin pour la grande traversée du passage du Nord Ouest et atterrir à l’Est de la Russie sur la péninsule du Kamchatka. Pendant tout l’été, d’autres activités, recherche, prélèvements, photos seront au rendez vous.

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