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Paralpinisme en Himalaya : Antoine Girard et Julien Dusserre au Langtang Lirung

Antoine Girard et Julien Dusserre, passionnés par l’alpinisme et le parapente, ont décidé de réunir ces deux passions lors d’un voyage au cœur de l’Himalaya ce printemps 2017. Découvrez le récit de cette aventure à travers les yeux d’Antoine Girard.

20 Octobre 2017

Alpinisme

"Julien et moi sommes tous les deux passionnés de parapente et d’alpinisme, pourquoi choisir entre l’un ou l’autre les belles journées ? Autant faire les deux. La plupart du temps le parapente est couplé à l’alpinisme dans le seul but de redescendre de la montagne. Mais pourquoi ne pas intégrer le parapente dans la discipline avec la même importance ? La majorité des nouvelles ouvertures sont des voies extrêmes et souvent engagées dans des massifs reculés, nous voulions aller faire du nouveau sans forcément aller se mettre en danger. "
 

Julien Dusserre (à gauche) et Antoine Girard (à droite) après l'atterrissage à 5800m sur le Shalbachum.

 

Utiliser le parapente pour atteindre de nouvelles voies

 

"Quel ascensionniste de l’Everest n’a pas rêvé de faire l’impasse sur l'icefall de la combe sud si dangereux ? Certes, l’idée n’est pas d’enlever les difficultés d’une voie via le parapente mais d’atteindre de nouvelles voies ou sommets qui ne seraient pas accessibles sans le parapente. Dans cet état d’esprit nous avons choisi comme objectif le Langtang Lirung à 7227m au Népal. La face est/nord-est est encore vierge. Le sommet, très peu réussi, possède un atterrissage potentiel en-dessous des 6000m, et les thermiques sont assez faciles à trouver jusqu’à 6000m en Himalaya. Au-dessus c’est une face en neige, puis une arête qui a l’air accessible assez facilement. Dessous ce n’est qu’un chaos de glace, les séracs tombent de façon presque constante et quand ce n’est pas de la glace, c’est de la neige, du coup cette zone est presque inaccessible sans le parapente."
 

Devant le Langtang Lirung lors d'une acclimatation.

 

Je savais qu’il était possible de le faire 

 
"J’ai réalisé des voyages en parapente de plus de 1200 km en autonomie complète Ces expériences en Nouvelle Zélande et dans les montagnes du Pakistan m’ont donné la certitude que c’était possible de la faire. Nous sommes aussi deux pilotes de distances dans les Alpes, Julien devait seulement me faire confiance pour voler en Himalaya. Nous avons poussé le projet à l’extrême, partir en autonomie et à pied de Katmandou avec tout le matériel de parapente et d’alpinisme, faire le sommet et rentrer de la même façon. Le tout sans utiliser aucune aide. Nous avons prévu d’établir notre camp de base à Kyanjing Gompa pour se ravitailler en nourriture. Le point de départ se situait à 15 km de la capital pour rejoindre un point de décollage. A partir de ce point, c’est le parapente qui porte tout le matériel jusqu’au camp de base en deux ou trois jours. Mais nous ne pouvions dépasser les 35kg pour les sacs, autant dire que chaque objet emporté était longuement réfléchis."
 

Nuit à 4300m sur le trek du Gosainkund.

 

Les compromis n’ont pas toujours été faciles

 
"Il n’y a presque rien de superflu. La préparation est minutieuse car le matériel doit peser moins de 30kg, le reste du poids c’est pour la nourriture d’altitude (tout est emmené depuis Katmandou) et l’eau. Nous avons fait des listings avec le poids de chaque élément, nous avons ensuite décidé en fonction du poids ce qui est vital ou non. Tout le matériel de parapente a été créé ou modifié spécifiquement pour l’expédition. La sécurité en montagne est primordiale et la difficulté consistait dans le fait que nous ne savions pas sur quoi nous allions tomber ! Du rocher, de la neige, de la glace ou du mixte ? Les compromis n’ont pas toujours été faciles, aucune concession possible, nous avons opté pour ce qu’il existe de plus léger et fiable !"

Une des première tentative pour aller poser sur le Langtang Lirung.

 

Seulement deux jours sans précipitation

 
"La plus grosse surprise a été le mauvais temps. Sur plus d’un mois sur place nous avons eu seulement deux jours sans précipitation. Celles-ci nous ont compliqué les choses pour avancer en montagne. Curieusement nous n’avons eu aucune surprise, quand on part sur quelque chose de nouveau on s’attend à trouver des problèmes parfois insolubles qu’il faut contourner.  Et là nous avons eu l’impression d’avoir tout anticipé correctement : voler et se poser avec 40 kg entre 5000 et 6000m. Aucune surprise. Juste des petits réglages de confort de dernière minute comme l’accroche du sac à dos quand on vole en sellette string."
 

Vol en direction du Shalbachum après la neige de la nuit.

 

Le droit qu’à un seul essai 

 
"Le posé en altitude est stressant. Au-dessus de 4000m l’air porte peu et nous volons très vite. Il faut trouver une plateforme sans trop de crevasses ni de pentes pour ne pas risquer de tomber. Il y a souvent le droit qu’à un seul essai. Finalement, le fait de poser dans la neige fraîche simplifie beaucoup de choses. Il est possible de « s’écraser » à l’endroit voulu sans se faire mal ! 
Une fois au camp de base, les sacs sont devenus plus légers pour partir en alpinisme, 12kg. 
- Un parapente performant de 3,8kg
- Une sellette assez confort de 300gr 
- Le nécessaire de survie : Tente, réchaud, nourriture pour trois jours. 
Pendant le vol, le sac était rempli de matériel de montagne, crampons, piolets, cordes, broches, coinceurs etc. Pendant l’alpinisme ce matériel était remplacé par le parapente Un petit sac de 60L était suffisant pour l’approche quand on portait les deux."
 

Sur le Shalbachum durant l'acclimatation, vers 5800m beau temps mais du vent.

 

Le plaisir du paralpinisme

 
"Même si nous n’avons pas pu tenter le sommet, cette façon de procéder est grisante. Sur le Shalbachum (6680m), nous avons posé à 5800m dans un endroit sublime en combinant une heure de marche et une petite heure de vol. Dans une approche classique, il nous aurait fallu au minimum deux jours de marche dans un itinéraire complexe et pas forcément intéressant à grimper. Nous aurions pu monter au sommet le même jour, mais ce n’était pas le but. Nous voulions dormir à 6200m pour s’acclimater. C’est à ce moment-là que le plaisir d’allier le parapente à l’alpinisme a pris tout son sens. Les marches d’approches sont souvent des « bavantes » en Himalaya. Avec le parapente, on peut y être en deux heures et redescendre à la journée ! Il est facilement possible de faire plusieurs sommets sur un court séjour ! 
Le simple fait de pouvoir s’échapper et rentrer au camp de base en quelques minutes et sans aucun effort est rassurant même si parfois il faut attendre un ou deux jours pour avoir un créneau décollable !
 
Au final c’est une nouvelle approche de la montagne et tout y est encore à découvrir et à faire ! C’est comme découvrir une nouvelle discipline."
 

Nuit à 6100m sur le Shalbachum.

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