News - Petzl Sans riggers, pas de spectacle - Petzl Other
Chercher
Communauté Actus et vidéos Sans riggers, pas de spectacle

Sans riggers, pas de spectacle

Au-dessus de la scène principale, perchée dans le treillis de la charpente métallique, Camille Hedin s’active, se contorsionne entre les poutres, accroche et hisse. Elle est rigger, un métier peu connu et invisible. Mais sans riggers, pas de spectacle !

25 Avril 2023

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 


Retrouvez le troisième épisode de la web série associée en vidéo : https://youtu.be/b3oHb7JQv_Y 


 

Le domaine du spectacle regorge de professions inconnues du grand public. Camille Hedin a ainsi été « road » pendant quelques années, c’est-à-dire manutentionnaire dans le domaine du spectacle vivant. Dans les salles de spectacle de Rennes où elle travaillait comme road, notamment le Liberté et le Musikhall, elle côtoyait aussi les équipes des riggers locaux. Eux, ce sont ceux qui installent dans la charpente, au-dessus de la scène, les chaînes des moteurs, c’est-à-dire les palans électriques qui permettront de hisser les éléments de son, lumière, vidéo et décors associés au spectacle. Attirée par cette autre facette du montage de scènes, et encouragée par un bon relationnel avec les riggers, Camille a d’abord fait en 2015 une formation courte « accroche et levage » pour mieux les assister dans leurs tâches, puis a fini par abandonner le roading et intégrer elle-même l’équipe de Rig-Up fin 2018.

 

« Savoir comment ça se passe en haut »

« Je savais que ça allait me plaire d’être en haut ! », explique Camille, qui n’a aucune appréhension du vide et a toujours aimé les points de vue en hauteur. Tout de suite à l’aise dans ses nouvelles missions, elle a ensuite réalisé deux autres formations courtes, sur la sécurité en travail en hauteur dans le monde du spectacle, et en scaffolding (montage d’échafaudages). Car pour un rigger, se déplacer efficacement dans tout type de charpente, c’est essentiel. « Il faut d’abord savoir comment ça se passe en haut pour être performant au sol », explique la jeune riggeuse. Et savoir se déplacer, cela dépend des charpentes. Certaines sont composées uniquement de passerelles, et s’y mouvoir est assez facile. D’autres sont plus compliquées, et nécessitent d’évoluer sur les poutres, c’est-à-dire avec les pieds sur un tube métallique en s’accrochant au tube du haut, comme au Liberté à Rennes. « Dans certaines charpentes, comme la Halle Tony Garnier à Lyon, beaucoup de déplacements se font en artif, avec les pieds dans le vide ! C’est plus compliqué, d’autant qu’il y a très peu de points d’accroche et cela demande davantage de réflexion pour travailler en sécurité », précise Camille, qui espère avoir un jour l’occasion de rigger dans cette salle-là.

Jeune dans la profession, Camille est aussi une des rares femmes. Malgré son petit gabarit et ses biceps moins puissants, elle n’a eu aucune difficulté à gagner sa légitimité. « Pas la même force ne veut pas dire que je ne peux pas le faire ! Bien sûr que c’est plus dur pour moi physiquement, mais je n’ai jamais laissé cela m’empêcher de faire ce que je voulais. Si c’est trop compliqué, je trouve une autre solution ! », explique-t-elle en toute simplicité, entre deux messages radio à ses collègues.

 

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

Dans l’ombre, mais « à la base de tout »

Savoir se déplacer avec aisance, rapidité et en sécurité n’est pas le seul atout d’un rigger. « Il faut savoir ce que tu fais, et pourquoi tu le fais », ajoute Camille. Explication : de là-haut, le rigger regarde et surveille ce qui se passe en bas, afin d’anticiper la suite et d’aller se positionner au niveau du point d’accroche suivant. L’endroit précis lui sera indiqué par le faisceau rouge du laser, dirigé par un collègue depuis le sol à partir du plan d’implantation, tracé à la craie sur la scène. Bien connaître la charpente est également un plus, car chacune a ses spécificités, ses possibilités, parfois ses limites. Les riggers locaux sont alors un conseil précieux pour les productions afin d’ajuster le plan de rig aux particularités de la salle et de proposer des solutions.

Si elle aime le côté ludique du déplacement parfois acrobatique dans les structures métalliques, Camille apprécie aussi que ce métier de l’ombre soit pourtant « à la base de tout ». « Sans le travail des riggers, il ne peut rien se passer après ! C’est très gratifiant, mais c’est aussi une responsabilité. » Car vidéastes, éclairagistes, sonorisateurs et décorateurs vont installer en toute confiance leur matériel sur les supports mis en place par les riggers aux endroits voulus par la production. Avec, dans le cas des tournées, une contrainte supplémentaire : obtenir, pour chaque date et quel que soit l’endroit, le même spectacle ! « Les différents corps de métier doivent pouvoir installer à chaque représentation la même chose au même endroit, alors que les charpentes sont toutes très différentes, y compris au niveau des accès, des lieux de stockage… C’est un vrai défi à chaque fois ! » confirme Camille, qui aime autant le travail en local, dans « ses » salles de Rennes et en renfort sur d’autres villes du grand Ouest, qu’en tournée, changeant de lieu chaque semaine comme en ce moment avec Starmania.

 

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

« Un peu de poésie » 

Ses plus forts souvenirs de rigging, elle les a vécus lors du Hellfest, grand festival de musique hard rock et metal à Clisson : « J’ai dû descendre sur corde pour aller vérifier que les chaînes moteurs tombaient au bon endroit sur scène et qu’il n’y aurait pas de problème pendant le concert, il était 20 h, tout le public était déjà massé devant la scène, des milliers de personnes, je me sentais un peu observée ! » évoque-t-elle avec humour. Ou encore l’été dernier, à Lyon, dans l’équipe accueillant la tournée de Rammstein, un groupe de musique allemand qui voyage avec sa propre scène, assez complexe, montée sur place. « Aller rigger au sommet d’une tour de 35 mètres de haut, c’est quand même pas mal », raconte Camille, qui adore avoir des points de vue que personne d’autre ne verra. Des levers du jour ou des couchers de soleil pour elle toute seule, sur un horizon d’immeubles ou de campagne, en haut de charpentes métalliques éphémères. Un privilège de rigger qui apporte « un peu de poésie ». Ensuite, place au spectacle ! 

 

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 


Retrouvez le troisième épisode de la web série associée en vidéo : https://youtu.be/b3oHb7JQv_Y 


Récit de Camille HEDIN 
Photos : Hugo PEDEL - vuedici.org 
Rédaction : Anne JANKELIOWITCH  

News associées