Top chef ouvreur
Ils étaient neuf à se présenter au premier Top chef ouvreur du nom, à la Halle olympique d'Albertville, le 18 novembre dernier. Top chef quoi ? Ouvreur ! Du nom de ces grimpeurs de l'ombre, ceux qui imaginent, inventent, tracent puis assemblent de toutes prises la voie d'escalade sur laquelle se défouleront les grimpeurs indoor de tous poils.
13 Décembre 2017
Fruit d'une collaboration aussi efficace qu'enthousiaste entre la FFCAM, le Club alpin d'Albertville, sa Halle Olympique, Entre-Prises et Petzl, Top Chef ouvreur est un événement original et pionnier.
Pourquoi ? Parce que les ouvreurs de voies d'escalade sont trop rarement mis en lumière alors qu'ils sont à la base d'une activité discrète mais en constante croissance depuis plus de 30 ans : l'escalade en salle.
"La première compétition en salle a eu lieu en 1986 à Vaux-en-Velin. A l'époque on s'inspirait du rocher mais dès la première compétition, on a compris que le mur n'était plus fait uniquement pour s'entraîner. C'était devenu une pratique à part entière." explique Antoine Le Ménestrel, ancien grimpeur de haut niveau, ouvreur international depuis la première compétition et parrain des candidats à Top Chef ouvreur, avec Marc Daviet, autre ouvreur d'expérience, et Xavier Cailhol, fort grimpeur au Club Alpin d'Albertville.
L'arrière-cuisine de la grimpe
Et si le rôle de l'ouvreur est méconnu, quoi de mieux que de démontrer son importance par le biais d'un jeu, aux règles rappelant étrangement un célèbre jeu télévisé ? Le principe ? Neuf candidats retenus sur dossier de candidature concourent par équipes de trois. Tous ont des niveaux d'escalade et de connaissances de l'ouverture très variés. Après une journée de formation avec leurs trois mentors, ils ont pour mission (qu'ils ont acceptés) de tracer une voie sous les yeux du public, en un temps limité. Cette voie est ensuite grimpée et évaluée par des grimpeurs du Team Petzl, tels que Loic Gaïdioz, Hugo Parmentier ou le jeune prodige Diego Fourbet (8c+ à 14 ans). S'ils pouvaient compter sur les conseils toujours avisés de leurs chefs étoilés, ils n'avaient à leur disposition qu'une somme d'ingrédients, des prises, choisies en dernière minute. Tout cela dans le but de réaliser une voie à la thématique définie : porte de grange, skate, réglettes… Seule leur créativité restait totalement débridée. Leur création devait certes avoir un niveau de difficulté suffisant pour contenter les athlètes, mais elle doit surtout donner envie aux grimpeurs de tous niveaux d'essayer et d'y revenir.
Le Ménestrel : "Il faut inventer du mouvement, y mettre une intention, même s'il y a des modes dans le mouvement. On assiste par exemple au retour des voies sur réglettes, avec des déséquilibres, après une longue période de tendance au gros dévers, avec des voies en force".
Une fête de l'escalade
Ce coup de projecteur sur les ouvreurs ne pouvait s'accompagner autrement qu'avec l'accueil d'un public le plus large possible, rappelant aussi que "l'une des vocations principales de la FFCAM reste la formation et l'accessibilité" rappelle Luc Thibal, directeur technique national de la FFCAM aux activités et à la formation. Une formation qui commençait ce jour-là à la Halle olympique dès le plus jeune âge grâce à un mur d'escalade gonflable pour les plus petits (prêté et géré par la Compagnie des Guides de Chamonix), ainsi qu'une structure cubique originale, développée par la société Entre-Prises et permettant de laisser libre court à l'imagination des grimpeurs. Petzl proposait de son côté une sensibilisation à l'assurage au GRIGRI®. Le centre de gravité restait concentré sur la salle d'escalade de la Halle Olympique et son mur de bloc. Le public nombreux de cette première édition de Top Chef Ouvreur aura démontré tout l'intérêt de la communauté des grimpeurs pour l'escalade en salle, une pratique qui reste l'un des passages essentiels dans un parcours de grimpeurs, aussi fanatique de rocher soient-ils.
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