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Mon métier : électricien de l’air

Il y a peu de situations où un électricien peut exercer son métier à 100 mètres du sol, parfois en rampant, dans le noir complet, ou encore debout sur une plate-forme de quelques mètres de large suspendue en plein ciel… à part dans l’éolien ! En 21 ans passés sur, dans et au pied des éoliennes, Franck Wery, exploitant depuis dix ans pour Engie Green qui gère onze parcs éoliens sur la vallée du Rhône, ne s’en est jamais lassé. Il faut dire que du bureau jusqu’à la nacelle, le métier n’a rien de monotone.

5 Janvier 2024

Energie et réseaux

2023 © PETZL Distribution - Hugo Pedel


Visionnez l'épisode de la Hauteur leur Quotidien dédié au monde éolien : https://youtu.be/xNfAJ49Kk8Y 


Des fondations à la girouette

Avec environ 60 % du temps sur le terrain et le reste au bureau, Franck et les jeunes techniciens de sa petite équipe de quatre passent régulièrement la journée sur le parc. « Le plus souvent on est en bas », concède l’exploitant, expliquant qu’une partie du travail se déroule dans la machine en bas de l’éolienne, ou à entretenir les pistes en débroussaillant. Mais si 150 personnes possèdent l’habilitation « travail en hauteur » chez Engie Green, c’est bien pour intervenir là-haut ! Et notamment lors des inspections annuelles, qui consistent à passer chaque éolienne au peigne fin une fois par an.

L’inspection se fait en binôme, l’un au sol, l’autre en haut, en liaison permanente. Du bas, on observe à la jumelle les pales, le fût, les fondations, la porte, à l’affut de coulures suspectes, de traces de corrosion ou de boulons desserrés. À l’intérieur, dans la machine, on passe en revue les points de surveillance habituels. Quatre-vingt-dix mètres plus haut, dans la nacelle, l’autre technicien poursuit l’inspection, de l’armoire électrique aux radiateurs en passant par l’étanchéité du toit. Dernière étape, la sortie sur le toit, arrimé à la ligne de vie, pour une inspection visuelle de la girouette et de l’anémomètre… Sans omettre un petit coup d’œil au paysage ! D’ailleurs, quand on est sensible à la vue depuis le sommet, on a bien sûr son parc éolien préféré. Pour Franck, c’est celui de la forêt de Thivolet, dans la Drôme, au nord de Romans. « On voit le Vercors, la Chartreuse, Belledone, et certains jours jusqu’au mont Blanc ! » Un choix de connaisseur, qui dans son précédent poste, profitait de vues imprenables sur le Canigou et les Pyrénées.

 

2023 © PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

« La sécurité, c’est l’ADN de notre métier »

Si une bonne partie du travail se déroule sur le terrain, d’autres missions viennent compléter le métier d’exploitant, qui le rendent en outre très différent de la maintenance. « Le mainteneur effectue une tâche bien précise. L’exploitant, lui, a mille tâches dans la tête ! » résume-t-il. À commencer par tout ce qui touche à la sécurité : la conformité avec les normes, le bon fonctionnement des alarmes, la sécurité de l’éolienne, des habitants… « La sécurité, c’est l’ADN de notre métier », confirme Franck. Ensuite, s’assurer que les éoliennes produisent bien, et correctement. Des termes génériques qui recouvrent le souci qu’a l’exploitant de garantir la bonne intégration des éoliennes dans le territoire, et de limiter leurs nuisances possibles sur l’environnement.

C’est là qu’intervient la composante humaine du travail, chère à Franck Wery, passionné par cet enjeu de faire accepter les éoliennes sur un territoire. « À travers des réunions, des rencontres, on discute beaucoup avec les acteurs locaux, les associations, le maire, les agriculteurs, on explique les éoliennes et leur intérêt… ça crée du lien, ça donne du sens à la mission, et on rencontre des gens très attachants ! » S’ajoutent à cela les relations avec le client et les services de l’État, la conduite des parcs éoliens et le reporting sur la production.

 

2023 © PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

Un test sans appel

Si l’on entre dans le monde de l’éolien par la porte « électricité », avec son bagage technique d’électricien ou d’électromécanicien, et éventuellement une spécialisation dans les énergies renouvelables, cela ne garantit pas forcément le sésame pour évoluer en haut des éoliennes, dont la taille, en France, varie entre 40 et 120 mètres. Cette aptitude n’est d’ailleurs pas donnée à tout le monde. Et il s’agit de s’en assurer quand arrive un nouveau collaborateur. « Au bout d’une semaine, on le fait monter en haut d’une éolienne, d’abord à 40 mètres, pour voir son aisance sur l’échelle, puis on l’emmène sur le toit où le vide est impressionnant, et bien sécurisé avec la double croche, on lui demande de lâcher les mains », explique Franck. Un test sans appel ! Si le vertige s’invite, on orientera la nouvelle recrue vers un poste plus adapté.

Pour les équipes qui évoluent régulièrement en hauteur, et notamment dans certaines zones confinées de la nacelle aux déplacements malcommodes, une bonne condition physique est indispensable. D’autant que sur les 88 éoliennes qu’Engie Green exploite dans la vallée du Rhône, les deux tiers n’ont pas d’ascenseur et on y monte à l’échelle, dans le fût, pour 90 mètres de verticale ! Harnais, casque et double-longe sont donc le minimum obligatoire pour évoluer dans une éolienne, de même qu’une lampe frontale performante. 
 

« En cas de coupure électrique, cela permettra de redescendre sans l’éclairage de l’éolienne, et c’est aussi essentiel pour compléter l’éclairage dans certaines parties obscures, comme par exemple dans le rotor », souligne Franck Wery.

 

 

2023 © PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

« Comme dans une cordée d’alpinisme »

Quant à la sécurité, point clé dans ce genre d’environnement de travail très exigu où le moindre sauvetage est éminemment complexe, elle fait l’objet d’un exercice obligatoire, renouvelé tous les deux ans, durant lequel les techniciens effectuent une évacuation depuis une nacelle au moyen d’un système mécanique qui gère leur descente plein vide. « C’est le test suprême », s’amuse Franck Wery, qui en a déjà une dizaine à son actif. « La capacité à travailler en hauteur, c’est sine qua non, et il faut savoir canaliser son appréhension du vide. Dans l’éolien, c’est comme dans une cordée d’alpinisme, je dois pouvoir compter sur mon collègue. »

Même si les conditions de travail sur le terrain sont parfois difficiles - dans une éolienne, il fait très chaud l’été, et très froid l’hiver ! - Franck a toujours le même enthousiasme pour son travail et la même satisfaction d’œuvrer, à son niveau, au développement des énergies renouvelables. Quant aux instants magiques que lui ont offert certaines éoliennes, il ne s’en lasse pas. Comme ce jour d’hiver, juste après une vague de mistral, où toutes les montagnes se découpaient avec une netteté extraordinaire. Ou cette nuit de novembre où, se rendant au parc de la forêt de Thivolet pour un potentiel problème d’intrusion, il se retrouvait complètement seul sur place sous un ciel débordant d’étoiles et une Voie lactée inoubliables. Des instants privilégiés pour qui sait les attraper au vol, comme Franck le rappelle à ses collègues. 
 

« Je leur dis, ouvrez les hublots pour voir le paysage, faites-le ! Prenez cinq minutes pour regarder. On est bien, là-haut. »


Visionnez l'épisode de la Hauteur leur Quotidien dédié au monde éolien : https://youtu.be/xNfAJ49Kk8Y 


Récit : Franck Wery - Engie Green
Photos : Hugo Pedel - vuedici.org
Rédaction : Anne Jankeliowitch

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