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Sur le dos des grands arbres

Passer sa vie dans un arbre, grimper de branche en branche et s’installer tout en haut, adossé au tronc, dissimulé dans le feuillage… Cela ressemble un peu à un rêve d’enfant. Benoît de Reviers en a fait son métier. Et ce métier le passionne.

6 Décembre 2022

Elagage

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 


Retrouvez le deuxième épisode de la web série associée en vidéo : https://youtu.be/igefsPQvlzY 


 

Benoît est arboriste-grimpeur depuis une douzaine d’années. Comme le nom l’indique, son activité consiste à grimper dans les arbres, généralement des monuments d’une certaine envergure, trônant dans des parcs ou des jardins. Que fait-il, une fois en haut ? « Les gens nous appellent car ils cherchent à résoudre une problématique ou une contrainte qui leur est créée par un arbre », explique Benoît. Une branche qui menace, un feuillage qui fait trop d’ombre, du bois mort que l’on voudrait éliminer… Sur ses cordes, Benoît intervient donc avec son entreprise Arbres & Solutions pour améliorer la cohabitation homme – arbre.

 

« Il y a beaucoup d’idées reçues sur les arbres »

C’est par l’entrée « gestion du risque » que le jeune arboriste conçoit sa mission. Pour lui, le temps de l’abattage systématique est révolu, même s’il l’a connu à ses débuts : « On part d’une demande initiale du client, mais ce n’est pas forcément ce qui sera réalisé. On s’attache à favoriser la préservation et la conservation, d’abord parce qu’il y a un manque cruel de vieux arbres en France qui ont été largement éliminés, et par rapport à la crise écologique actuelle et au changement d’approche nécessaire qui en découle. »

Dans ses échanges avec le client, Benoît constate à quel point les gens qui ont la responsabilité d’arbres en ont peur, obnubilés par la menace que représente la chute d’un arbre, grand et lourd, ou d’une branche. Or pour lui, cette crainte doit être raisonnée, et mieux maîtrisée. « J’ai fait une formation en biomécanique où j’ai appris beaucoup sur la tenue mécanique des arbres. Ce qui est sûr, c’est que c’est fait pour être solide, avec des propriétés mécaniques incroyables ! », explique Benoît.

Une grande part de son travail consiste donc à analyser la situation au regard du diagnostic effectué sur place, d’amener de la rationalité par rapport au risque, et de proposer au client la meilleure solution. Celle qui est dans l’intérêt de l’homme autant que de l’arbre, avec une vision à long terme qui prend en compte les services écologiques rendus par le végétal, dont les gens n’ont généralement pas conscience. « En fait, on fait beaucoup d’éducation à l’arbre. Il y a beaucoup d’idées reçues sur les arbres, leur entretien. Nous, on amène l’information, en tous cas ce que l’on sait par rapport à l’état actuel des connaissances. » Cette dimension de conseil et d’accompagnement du client alliée à celle, très technique, du déplacement dans le houppier, c’est ce qui fait toute la richesse de la profession pour Benoît : « Ma passion, ce n’est pas les arbres, ma réelle passion, c’est mon métier ».

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

« Le déplacement se fait en 3D »

Car une fois les décisions prises, la suite se passe là-haut. Parfois à des dizaines de mètres du sol. Visiteur privilégié, pendant quelques heures, de cet écosystème vivant suspendu en hauteur, Benoit accomplit l’intervention finalement décidée avec le client. Une activité qui n’est pas sans évoquer celle des cordistes, alors qu’elle est totalement différente. « La méthode de déplacement n’a rien à voir avec les travaux acrobatiques, insiste Benoît. Le déplacement se fait en 3D, on évolue sur les branches, il y a ce côté grimpe de singe qui est hyper cool ! »

Tout le matériel utilisé est également spécifique : « Le kit de lancer pour envoyer la corde tout en haut de l’arbre, le descendeur ZIGZAG, la CHICANE, ce sont des équipements qui ont été pensés et développés pour l’élagage », illustre notre arboriste-grimpeur. De même que les cordes, fausses fourches, harnais et longes, qui intègrent les spécificités du déplacement arboricole et de la manipulation d’outils d’élagage.

À la croisée des techniques, le métier d’arboriste-grimpeur n’en est pas moins un métier à part entière. « Au début la profession a emprunté des techniques au monde maritime, comme le fil à lancer et les nœuds, à la spéléo, aux cordistes. En piochant dans les différentes professions liées à la verticalité, elle s’est constitué ses propres techniques et méthodes. »

© PETZL Distribution - Hugo Pedel

 

Un métier jeune où tout est à inventer

Apparue dans les années 1970, la profession a beaucoup et rapidement évolué. Dans son approche, tout d’abord : « Au début, on allait éclaircir les arbres, enlever le bois mort, raconte Benoît, mais il y a des opérations que je faisais il y a dix ans, et qu’aujourd’hui je ne propose plus. » Un changement guidé tant par une amélioration des connaissances sur la gestion des risques liés aux arbres, que par la crise écologique qui a pris de l’ampleur.

En parallèle, les techniques et le matériel ont énormément changé, prenant en compte les besoins spécifiques des arboristes-grimpeurs : les bloqueurs ont remplacé la technique originelle du foot-lock, les griffes sont cantonnées à l’abattage : « Aujourd’hui le matos permet de grimper avec plus d’aisance, plus souple, plus vite », résume-t-il.

Mais surtout, c’est un métier jeune, où tout est à inventer, à organiser. Pour Benoît, il y a notamment un manque de formation dans la profession, et parfois un manque de connaissances des élagueurs sur les arbres. Monter dans un arbre, tronçonner, élaguer, éclaircir : on sait faire. Mais l’enjeu désormais, qui balisera le futur de la profession, est d’arriver à gérer la balance bénéfice-risque, en ajustant les interventions pas seulement en fonction des risques, mais en prenant également en compte les bénéfices de la conservation. Et cette perspective, c’est ce qui passionne Benoît : « Les connaissances progressent continuellement, la science fait plein de découvertes sur les arbres. Il faut rester humble car on a encore peu d’outils pour travailler, en termes de connaissances, de méthodes de gestion des risques liés aux arbres. On a encore beaucoup à apprendre ! » 

© 2022 PETZL DISTRIBUTION - Hugo Pedel

 

Article rédigé par Anne Jankeliowitch. 


Retrouvez le deuxième épisode de la web série associée en vidéo : https://youtu.be/igefsPQvlzY