Courir la nuit : les conseils des pros

Avec les grands Ultra Trails 2016 qui ont débuté au mois d'août et avec l'automne qui va arriver dans les prochaines semaines, il est important de faire un point sur l'utilisation des lampes frontales et adopter les bons réflexes pour courir la nuit. Par Fred Bousseau - Trails Endurance Mag.

Courir la nuit est une pratique de plus en plus répandue de part l'émergence des Ultra trails qui impliquent des temps de course qui dépassent souvent le tour du cadran (voire même 2 nuits en extérieur), mais aussi par la saisonnalité de la pratique qui implique des journées plus courtes. Mais cela ne s'improvise pas. C'est avec l'expérience que l'on acquiert des automatismes et que l'on se familiarise avec son matériel.
Décryptage complet pour vous aider à y voir plus clair, avec quelques conseils de pros.

Elément de sécurité et de confiance

La lampe frontale est devenue un élément de sécurité que l'on devrait toujours avoir au fond de son sac, au même titre qu'une couverture de survie et un téléphone portable… On ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Mais avant tout la nuit peut devenir votre alliée. Il faut en tenir compte et se préparer pour adapter votre course en fonction du changement de visibilité, qui pourrait vous stresser et vous faire perdre vos moyens. Pour cela il est important d'avoir pu se préparer et s'entraîner dans des conditions que l'on retrouvera le jour de l'épreuve.

Se préparer spécifiquement à courir la nuit en 3 points

Tous les athlètes experts sont unanimes sur ce point, il est indispensable de s'entraîner la nuit pour plusieurs raisons.

• La première est que l'on va adapter son regard, son champ de vision, ses appuis et surtout intégrer une dimension psychologique non négligeable à sa préparation.En effet, se retrouver seul(e) dans la nuit noire n'est pas forcément inné et génère souvent une appréhension, un stress qu'il faut appréhender et apprivoiser. La contrepartie sera de découvrir d'autres sensations (liberté, sentiment d'aventure plus fort, silence, rencontres et bruits des animaux…), comme le soulignent Sébastien Chaigneau et Nathalie Mauclair.
• Le second point rapporté par Maud Gobert, est celui de se forcer à aller s'entraîner aussi par mauvaises conditions météo, ce n'est pas toujours agréable, mais courir sous la pluie ou lorsqu'il neige permet aussi de constater qu'on adoptera pas la même attitude de course, que les repères vont changer. On va baisser un peu plus la tête pour lutter contre les éléments et ainsi réduire son champ de vision, il faudra alors aussi être plus attentif au balisage.Un entraînement dans le brouillard, même d'une courte durée, peut vraiment être un atout supplémentaire, car selon la densité du phénomène on peut être surpris. C'est une situation délicate, et si on l'a déjà vécue, on la maîtrise mieux, ou à défaut on évite de se générer du stress inutile. Avec la fatigue et la perte des repères géographiques, le brouillard provoque parfois des pertes d'équilibre et même des mots de tête, il faut alors ralentir sa progression sans paniquer.
• Enfin, s'entraîner de nuit permet aussi de tester et de s'approprier son matériel. Ce n'est pas le jour de la course qu'on allume sa frontale pour la première fois ! Tester les différents modes d'éclairage, régler le serrage de la lampe, savoir utiliser les différents boutons….

Les conseils et astuces des pros

Courir la nuit ne s'improvise donc pas et pour vous aider dans cet exercice et vous faire gagner du temps en course et dans l'apprentissage, trois coureurs du Team Petzl vous donnent leur TRUC à eux.

Nathalie Mauclair (vainqueur UTMB 2015) : 
"Il ne faut pas négliger cet aspect de la pratique du trail et vraiment se forcer à s'entraîner avec son matériel de course la nuit,  pour tester son éclairage, adapter sa foulée et sa vitesse de déplacement".

Sébastien Chaigneau (vainqueur Hard Rock 100) : 
"Lorsque l'on commence à courir la nuit, le mieux est de partir à 3 ou 4 sur des sentiers déjà pratiqués en plein jour, c'est plus motivant et on sera aussi sur un terrain connu. On ira ensuite plus facilement seul en essayant d'allonger progressivement la sortie".

Maud Gobert (Championne du Monde 2011) : 
"Si l'on s‘inquiète de s'entraîner la nuit, le mieux est de partir entre 30 min et 1h avant le lever du jour pour s'enlever le stress de la nuit noire. On assistera au lever du soleil, avec en prime le sentiment de bien commencer sa journée".
"Pour ne pas avoir de mauvaises surprises, pensez aussi à verrouiller le bouton ON/OFF lorsque la lampe est dans votre sac. Cela évite une mauvaise manipulation qui allumerait sans le vouloir la lampe avec le risque de vous retrouver sans batterie au moment voulu."

Le bon matériel

Petzl propose différentes solutions d'éclairage pour le trail running. Les modèles les plus connus sont NAO et TIKKA RXP équipés du système automatique et instantané REACTIVE LIGHTING très performant, que l'on pourrait comparer à l'éclairage code / plein phare en voiture.
À ces lampes s'ajoutent des options de batteries interchangeables et de batteries déportées que l'on peut mettre dans son sac (surtout s'il fait froid).
Deux nouveaux modèles connectés enrichissent aujourd'hui la gamme, NAO + (disponible en novembre 2016) et REACTIK +. On peut les paramétrer directement depuis son téléphone portable via une connexion Bluetooth selon par exemple, l'intensité et l'autonomie souhaitées.

Mais pour qu'une lampe soit performante, il est important de bien la recharger jusqu'au dernier moment et de tester les accus un peu avant son départ pour voir s'ils sont bien chargés. Pendant la course, ne pas oublier que la nuit il fait parfois plus froid et que le froid altère la durée de vie des batteries. 

Sortez bien éclairés, bonnes courses et surtout prenez du plaisir à courir la nuit