Explorer les sites archéologiques des Andes avec Ukhupacha
Présente dans plusieurs pays d’Amérique du Sud depuis 2001, l’association Ukhupacha a pour but d’aider les scientifiques du monde entier à explorer les endroits difficiles d’accès d’Amérique latine, où la maîtrise des techniques de corde est obligatoire.
SEPTEMBRE 2014
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Carte d’identité
- Partenaires soutenus : Ukhupacha, University of Central Florida, département anthropologie,
- Localisation : Pérou et Amériques latines
- Type de projet : Améliorer la connaissance
- Soutien : 15 500 € en 2012 et en 2013
Ouvrir de nouveaux chemins pour la science
Fondée en collaboration avec l'Université Jaume I de Castellón et l'Institut national de la culture du Pérou, l’association Ukhupacha permet aux expéditions scientifiques d’aller dans des endroits extrêmement difficiles d’accès.
Ce groupe de spéléologues, dirigé par son directeur technique Salvador Guinot, facilite l'exploration scientifique en aidant les archéologues, biologistes ou volcanologues à atteindre des sites difficiles d'accès : falaises, grottes, hauts sommets, canopée des forêts... Ils ont déjà participé à de nombreux projets.
En 2011, au Pérou, les sites archéologiques difficiles d’accès de la région d’Arequipa et de la vallée sacrée dans les alentours de Cuzco ont été explorés : sept chemins Incas ont été redécouverts dans les alentours du l’ancienne capitale Inca, MachuPicchu.
Les équipes de recherche réhabilitent actuellement la QhapaqÑan, l'ancienne grande route inca, qui sera prochainement classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
En Equateur, Ukhupacha a aussi participé au développement d’un programme de sauvegarde des Aigles Harpies, rapace emblématique d’Amérique Latine, en aidant les biologistes à accéder aux nids, parfois situés à plus de 50 mètres de hauteur… et nécessitant des techniques d’escalade de haut niveau.
En plus d'aider les scientifiques à accéder aux sites grâce aux techniques de spéléologie ou d'escalade, l'objectif d'Ukhupachaest aussi de les rendre autonomes pour leur sécurité lorsque l'utilisation d'une corde est indispensable.
Ainsi en 2013, Ukhupacha a publié un manuel technique pour la progression verticale de 150 pages, abondamment illustré, rédigé en espagnol par Andres Marti Puig, avec les conseils techniques de Xavier Sansos.
Financé par la Fondation Petzl, ce manuel accompagne le programme de formation d'Ukhupacha, qui couvre tout ce que les scientifiques ont besoin d'apprendre pour être autonomes sur le terrain. Un outil essentiel pour explorer les lieux les plus éloignés, sauvages, et "inaccessibles" de la planète.
Témoignage de Salvador Guinot, directeur technique du projet Ukhupacha
« Promouvoir la sécurité est devenu un enjeu majeur. Grâce au projet Ukhupacha, des scientifiques évoluant sur des terrains difficiles d’accès, reçoivent des conseils de sécurité concernant les techniques sur cordes. Ainsi, fort d’une sécurité améliorée en falaise, les archéologues arrivent à faire des découvertes surprenantes, révélant ainsi le « savoir-faire technique » fabuleux des civilisations anciennes. »
Explorer la civilisation des Chachapoyas
Les Chachapoyas, "guerriers des nuages", vivaient dans les forêts élevées de la région amazonienne du Pérou, du Xe au XVe siècle. Ils ont construit des tombes et des mausolées en hauteur, utilisant les corniches étroites des falaises. Pour les explorer et comprendre leurs rites funéraires, il est nécessaire d'utiliser des techniques d'accès sur corde.
Les Chachapoyas sont les premiers à avoir occupé les montagnes boisées du Pérou, à une altitude de 3 000 m. On connaît encore peu de choses au sujet de ce peuple andin et de ses pratiques funéraires. Leurs défunts étaient placés dans des sarcophages individuels ou des tombes collectives, installés dans les endroits inaccessibles des falaises, mais très visibles depuis les vallées.
En mai 2013, une équipe scientifique pluridisciplinaire de l'Université de Floride centrale, dirigée par l'anthropologue MarlaToyne, a entrepris l'exploration du site de La Petaca, à Leymebamba, au Pérou. Dans cette falaise haute de 300 m, de nombreuses tombes et mausolées ont été construits.
L'équipe de chercheurs a été guidée par les membres de l'association Ukhupacha. Ceux-ci ont développé des techniques d'archéologie verticale pour accéder en sécurité sur le site et atteindre les mausolées les plus hauts.
La Petaca est immense et contient des constructions uniques, qui ne peuvent pas être étudiées de loin.
Les scientifiques ont besoin de positions stables pour prendre des photos, réaliser des dessins ou recueillir des échantillons, qui leur permettent de comprendre l'histoire et l'importance de ces vestiges, mais aussi de reconstruire leurs systèmes d'accès et de construction.
Tout au long des corniches, plus de 120 structures ont été identifiées avec une variation importante dans les techniques de construction, utilisant de grandes quantités de pierres, de mortier, et de gros troncs d'arbre. L'analyse de la population humaine (données démographiques, sexe, schémas d'alimentation ou de maladie) suggère que plusieurs familles ont été enterrées ensemble.
Tous les matériaux récoltés ont été photographiés et répertoriés au camp. Les échantillons de matières organiques, sélectionnés à partir de différents sites funéraires, seront analysés au carbone 14, afin de mieux en définir la datation.
Grâce à une formation spécialisée et avec l'appui technique d'Ukhupacha, les chercheurs ont pu explorer et mieux comprendre comment ces peuples anciens ont créé ces paysages mortuaires très surprenants.
Photos : collection Ukhupacha et University of Central Florida