Sauvegarder la mémoire des glaciers
Etudier la glace des glaciers permet d’anticiper les changements climatiques à venir. Mais les glaciers reculent inexorablement et ce patrimoine scientifique pourrait disparaître dans les prochains siècles. La Fondation Petzl soutient la création d’un patrimoine glaciaire mondial à destination des générations futures.
Carte d’identité
- Partenaire soutenu : Fondation Université Grenoble Alpes
- Localisation : France, Bolivie
- Type de projet : Améliorer la connaissance
- Soutien : dotation de matériel d’alpinisme pour les scientifiques, en 2016 et en 2017
La première mission de sauvegarde du patrimoine glaciaire de haute montagne a été réalisée en France, au mois d’août dernier. Une équipe de chercheurs français, italiens, russes et américains, menée par le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE), de l’Université Grenoble Alpes, a installé son camp de base sur le glacier du col du Dôme, à 4 300 m d’altitude, sur la voie normale du mont Blanc.
En 15 jours, trois carottes de glace de près de 130 mètres ont été extraites, par tronçons d'un mètre de long. Conditionnées dans des caisses isothermes, elles sont désormais stockées dans un entrepôt frigorifique près de Grenoble. La première carotte sera analysée au LGGE pour constituer une base de données ouverte à tous les scientifiques. Les deux autres devraient rejoindre à l'horizon 2020 un "congélateur naturel" à -54°C, sur la base franco-italienne Concordia, en Antarctique, où elles seront conservées et mises à disposition des scientifiques des siècles à venir.
Les glaciers emprisonnent de petites bulles d'air et des impuretés qui permettent de connaître la composition de l'atmosphère sur des centaines d'années. C'est ainsi que les glaciologues ont pu établir le lien entre l’augmentation des gaz à effet de serre et la hausse des températures. Sur les glaciers du mont Blanc, les chercheurs peuvent étudier l'évolution de la pollution ou de l'activité industrielle sur une centaine d'années.
« Dans les prochaines décennies ou même les prochains siècles, ce patrimoine englacé aura une valeur inestimable : pour des trouvailles scientifiques totalement inédites ou pour comprendre les évolutions locales de l’environnement, » souligne Jean Jouzel, climatologue vice-président de la commission scientifique du GIEC de 2002 à 2015, prix Nobel de la Paix en 2007. Avec l'évolution des techniques, les chercheurs espèrent mener des recherches sur les mutations de virus ou de bactéries piégés dans la glace.
Le glacier du col du Dôme constitue la première étape de ce projet initié en 2015, sous l’égide de la Fondation Université Grenoble Alpes. Une deuxième mission, plus longue et plus complexe, se déroulera en 2017 dans les Andes en Bolivie (glacier Illimani).
Pour en savoir plus sur le projet et les scientifiques :
- Fondation Université Grenoble Alpes, projet Ice Memory
- Un collectif de chercheurs :
- l’Institut des Géosciences de l’Environnement,
- l'Institut de Recherche pour le Développement,
- l'Institut polaire français Paul-Emile Victor,
- le Centre de Carottage et de Forage National (C2FN) du CNRS,
- l'UNESCO,
- le laboratoires de glaciologie de l’Université Ca’Foscari de Venise